vendredi 19 Jan

Catégorie : Résidence

108°F – 60 ans d’écoute

Spectacle théâtral et radiophonique en espace public
Compagnie l’Escarpée

Note d’intention :

Je veux écrire une fiction qui prend vie sur une place publique. Je veux créer des personnages de femmes tant imparfaites qu’inspirantes et faire résonner leurs histoires intimes au cœur de la ville. Je veux donner corps à leurs luttes individuelles et collectives, donner à voir la joyeuse force qui peut s’en dégager, la rendre communicative.
Tout comme mes personnages principaux, je me pose cette question : quels tabous demeurent concernant la santé sexuelle et l’avortement ? Et pourquoi ? Cette question est ici une porte d’entrée qui permet de parler plus globalement d’évolution et d’incarnation des féminismes.
La notion d’écoute est au cœur du spectacle. L’écoute dans les relations interpersonnelles, mais aussi l’écoute à l’échelle d’une société. ll s’agit de travailler, comme on le fait pour le montage documentaire, à mettre différents niveaux de parole en
écho : un récit fleuve intime, fil rouge de cette histoire, des éléments de contextualisation socio-historique sous différentes formes (archives, micro-trottoir, appels,…), des événements surgissant du réel. Ces histoires résonnent dans les enceintes d’un plateau radio en dialogue avec le présent et la ville. Car la radio a depuis toujours été un puissant outil de circulation
des idées alternatives et résistantes ; et que les podcasts sont aussi aujourd’hui un levier majeur pour la transmission de paroles et idées minorisées.
D’autre part, il s’agit d’un dispositif très ludique que nous détournons pour faire surgir la parole de la rue, des balcons, du public, de là où on ne l’attend pas. Pour les recherche, je me suis tournée vers les travailleuses et bénévoles du Planning Familial. Vers celles qui écoutent tous les jours des personnes sur l’avortement, les relations affectives et sexuelles, depuis plus de 60 ans. Celles qui travaillent au quotidien pour nourrir les luttes émancipatrices d’hier et d’aujourd’hui. Il s’agira de faire des allers-retours entre passé et présent. Cette mise en dialogue des époques vise à assurer la transmission nécessaire d’une histoire mais aussi à visibiliser les radicalités passées, dont nous bénéficions, pour interroger les radicalités d’aujourd’hui. Revenir sur les mouvements sociaux passés, c’est pour moi une façon de nous inviter à prendre soin de nos conquis et inviter à en poursuivre le travail. C’est aussi une façon d’aborder ces thèmes sous un angle résolument optimiste, qui rappelle que la mobilisation collective permet la transformation sociale. Plus que de nous attarder sur des figures emblématiques, il s’agit ici de rendre justice au travail trop souvent invisibilisé de celles et ceux qui agissent dans l’anonymat. Observer les activités du Planning Familial aujourd’hui, c’est un moyen de mesurer ce sur quoi nous avons encore du travail et aborder les questions d’égalité par les histoires intimes, mais en les inscrivant dans des dynamiques
politiques. Ce spectacle cherche à repousser la honte et la solitude en donnant de la voix à des histoires très courantes mais trop souvent tues. Et à transmettre une énergie galvanisante et joyeuse nécessaire à la construction d’un avenir désirable.

Résumé :

Deux femmes animent un plateau radio en direct et en public, sur une place. L’invitée n’arrivera jamais et rien ne se passera comme prévu. Malgré tout, l’émission se fait. Entremêlant entretiens, micro-trottoirs, archives et improvisation des animatrices concernant le travail associatif et militant, la santé sexuelle, l’IVG, les relations, et la possibilité d’en parler, hier et aujourd’hui. Pendant le direct, des événements ont lieu dans la ville et résonnent avec le contenu de l’émission, puis en bousculent le déroulement.

La distribution :

Écriture et mise en scène : Léa Good
Dramaturgie : Anooradha Rughoonundun
Interprétation : Léa Good, Clara Jolfre, Cécilia Schneider
Création et écriture sonore : Alix Lumbreras
Aide à la mise en scène, en alternance : Pierre-Damien Traverso et Léa Marchand

Les partenaires :

Animakt, Fabrique vivante d’arts de liens et de culture Saulx-les-Chartreux, 91.
FAI-AR, Formations Supérieure d’Art en Espaces Publics, Marseille, 13.
Le 108, Lieu collectif d’expérimentation artistique et culturelle, Orléans, 45.
La laverie,  Des arts pour brasser les disciplines, la rue pour brasser les publics!, Saint-Etienne, 42.